- égorgé
-
⇒ÉGORGÉ, ÉE, part. passé, adj. et subst.I.— Part. passé de égorger.II.— Emploi adj.A.— [En parlant d'un animal] À qui on a tranché la gorge. L'épaule couverte du sang noir des bêtes égorgées (MORAND, Londres, 1933, p. 270).— P. ext. [En parlant d'une pers.] Tué d'une façon sanglante, sauvage. Elle s'érige comme elle [Salammbô, comme Hélène] (...) au sommet de la tour, au-dessus d'une masse croulante et rouge de beaux jeunes hommes égorgés (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 68).♦ [Avec méton. du nom déterminé] :• 1. ... il n'y avait plus là qu'un charnier de membres épars et de débris fumants, et Bazeilles égorgé, anéanti, s'en allait en cendre.ZOLA, La Débâcle, 1892, p. 297.B.— Au fig., vieilli1. [En parlant d'une chose] Anéanti, brisé par la violence ou sous la contrainte. Hortense s'abandonnait aux pleurs, aux cris de la passion égorgée (BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 236) :• 2. Cet homme [Louis Bonaparte], ce hideux boucher du droit et de la justice, avait encore le tablier sur le ventre et les mains dans les entrailles fumantes de la Constitution et les pieds dans le sang de toutes les lois égorgées, quand vous, juges, quand vous magistrats...! Mais, je m'arrête...HUGO, Napoléon le Petit, 1852, p. 123.2. [En parlant d'une pers.] Attaqué violemment dans un écrit, éreinté. [Un roman] qui débuterait par un bourgeois égorgé à la première page (GONCOURT, Journal, 1884, p. 304).III.— Emploi subst. Animal ou être humain à qui on a tranché la gorge. Cri d'égorgé. Le père Soupe faisait la sieste, renversé en son fauteuil, les bras ballants d'un égorgé et le nez pointé vers le ciel (COURTELINE, Ronds-de-cuir, 1893, 5e tabl., p. 174). Souvent ils sortaient couteaux et rasoirs et alors ça valsait les estafilades. On comptait en moyenne deux égorgés par semaine (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 214).— P. ext. Victime d'un meurtre sauvage, d'un massacre. Les égorgeurs mêlés avec les égorgés (HUGO, Légende, t. 6, 1883, p. 363).Rem. On rencontre ds la docum. un ex. de l'emploi subst. au sens de « personne opprimée, aliénée par un système politique ». Dans cette Jérusalem bruissante de machines merveilleuses, qui se souviendra encore du cri de l'égorgé? (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 257).
Encyclopédie Universelle. 2012.